LES ESPANTA BRUIXES
Les repousses sorcières
"Espanta bruixes" (en catalan se lit : "èspanta bruyches"), peut se traduire par "repousse sorcière".
L'appellation est localisée aux régions françaises des Pyrénées Orientales (Cerdagne et Vallespir).
Ce sont des éléments de décoration en llose (ardoise) taillée, qui sont placés sur les toits ou les cheminées.
Ces ardoises avaient pour but de repousser les mauvais sorts et les sorcières loin des maisons.
Les représentations ont souvent un rapport avec la lumière qui repousse les ténèbres et les êtres qui y vivent.
Ainsi on trouve un grand coq (comme sur les clochers ou les girouettes) mais fixe, scellé dans la faîtière du toit. Le coq symbolise celui qui annonce le levé du jour et donc la fin de la nuit.
On trouve aussi un cercle soléiforme denté, dont le centre est évidé et denté lui aussi (voir trous de lumière et verrines).
On trouve aussi des llose cruciformes aux trois branches régulières mais à la base évasée. S'agit-il de symboles chrétiens ou beaucoup plus païens en rapport avec le soleil ?
On trouve des exemples en Cerdagne et dans la vallée du Carol surtout.
- coqs au Col de la Perche, Mont-Louis, Rô, Enveitg.
- soleils, croix et coqs à Enveitg et vallée du Carol.
En plaine du Roussillon on trouve une espèce de fleur de lys à l'horizontale en tuile, placée au bout du toit.
Ces perchoirs à sorcières ou à chouettes (on pensait que les sorcières se transformaient en chouettes !), étaient là pour s'attirer leurs faveurs.
En Vallespir, ce sont des tuiles posées sous le toit, en aplomb du mur, qui sont peintes à la chaux de symboles solaires ou géométriques ayant toujours la même signification de repousser les sorcières.
On trouve dans ces motifs mis côte à côte sous le toit, des croix soléiformes, des rayons, des svastikas, des formes triangulaires ou rectangulaires, ...
Plusieurs exemples remarquables se trouvent à St Laurent de Cerdans au Château du "Crémadeills".(P.O)
Enfin on trouve souvent derrière la nescessité d'augmenter le tirage de la cheminée, une pratique superstitieuse pour éviter que les sorcières ne rentrent par cet orifice qui leur est privilégié.
Une pierre est fixée sur le chapeau de la cheminée, pointée vers le ciel, comme un chapeau de sorcière.
On trouve aussi ou en même temps des lames de pierres droites sur lesquelles le chapeau est posé afin de faire une grille. L'accés étant ainsi clos pour les sorcières, la fumée pouvait sortir et le tirage n'en était que mieux !
A Bourg-Madame on en remarque plusieurs.
La "pedre de llamp".
Lire "pédré dé yamp". Ce mot catalan signifit "pierre de l'éclair".
La hache en pierre polie de l'époque néolithique à toujours produite chez l'homme une certaine impression.
En effet, celui-ci lui attribuait des pouvoirs magiques.
Cette hache de la préhistoire, trouvée dans les champs, faisait dire aux catalans que c'était la foudre qui, en tombant sur une pierre, l'aurait façonnée.
Il pensait aussi que puisque la foudre y était tombée une fois, elle n'y retomberait plus dessus, mais au contraire, l'en écarterait.
C'est pourquoi on la trouve fichée au faîte des toitures ou, le plus souvent, à l'intèrieur de la cheminée, pour se protéger des sorcières et du mauvais sort. Ce sont les ramoneurs qui découvraient une niche dans laquelle une pierre était placée.
La "pedre del drac o del drag".
Lire "pédré dèl drac o drag", c'est à dire la "pierre du dragon".
C'est en Espagne dans l'Aragon et la Navarre, que l'on trouve cet étrange objet.
La même hache polie que précédemment, avait ici une autre signification.
Elle est entourée de fils de fer, tressés d'une certaine manière autour, et la tradition leur attribut l'origine aux écailles de dragon.
Elle circulait de maison en maison, car on disait que ces pierres avaient un pouvoir de guérison ou pour soulager les maux.
Collaboration de Cédrik BLANCH et Patrick RANCOULE